Marion Gauthier, jury de concours et enseignante à IRSS Tours, nous livre ses conseils.
S’il veut passer avec succès son épreuve écrite de culture générale au concours d’entrée dans les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), le candidat doit avant tout respecter la commande : bien comprendre ce qu’on attend de lui pour produire un écrit qui satisfasse pleinement le correcteur.
Qu’évalue-t-on dans l’épreuve écrite de culture générale au concours infirmier ?
Pour répondre à cette question, il serait tentant de renvoyer tout simplement les futurs candidats à l’article 15 de l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État d’infirmier, qui présente clairement l’épreuve : « L’épreuve écrite comporte l’étude d’un texte comprenant 3000 à 6000 signes, relatif à l’actualité dans le domaine sanitaire et social. Le texte est suivi de trois questions permettant au candidat de présenter le sujet et les principaux éléments du contenu, de situer la problématique dans le contexte, d’en commenter les éléments notamment chiffrés, et de donner un avis argumenté sur le sujet. Cette épreuve permet d’évaluer les capacités de compréhension, d’analyse, de synthèse, d’argumentation et d’écriture des candidats. ».
Cependant, se contenter de ces indications semble un peu court. En effet, en tant que correctrice de cette épreuve écrite pour l’Institut Régional de formation sanitaire et sociale de Tours, j’ai pu remarquer que les candidats développent bien souvent une perception faussée de ce que l’on attend d’eux, tout simplement parce que l’objectif de cette épreuve de culture générale n’est pas saisi.
Alors, posons-nous tout simplement une question pleine de bon sens : en quoi l’analyse d’un texte portant sur l’actualité sanitaire et/ou sociale peut-elle se révéler pertinente pour cerner le profil d’un potentiel futur étudiant en IFSI ?
Les trois points clés : bien connaître le thème du texte, poser les bonnes questions qui le sous-tendent et argumenter avec pertinence sur ses enjeux
- Le premier point important concerne la capacité à appréhender la thématique abordée : un correcteur pourra rapidement évaluer, lors du relevé des idées principales en particulier, si celles-ci font écho à des notions connues du candidat. Si tel n’est pas le cas, un premier doute vient alors s’insinuer : en tant que futur étudiant puis futur professionnel, est-il envisageable que l’on ne s’intéresse pas à des sujets de société qui peuvent tous, à un moment ou à un autre, nous concerner ?
- Or, être informé grâce à un suivi régulier et documenté de l’actualité permet d’aborder sans problème le deuxième point essentiel : la capacité à mener une réflexion sur un thème de société, en ciblant précisément la question posée. Effectivement, se tenir au courant de l’actualité ne fait sens que si l’on est capable de mener une réelle réflexion sur ce qu’elle nous propose : pourquoi le vote de telle loi ? Pourquoi tels résultats concernant telle étude scientifique ? Quelles conséquences ? Qui sera concerné ? etc. En bref, comprendre ce qui nous entoure permet de construire une réflexion personnelle sur ce que l’on en pense et de faire du lien entre différents faits, événements, ….
- On en arrive ainsi au troisième point déterminant : être capable de mener une réflexion pertinente sur un sujet que l’on cerne permet d’argumenter pertinemment l’opinion que l’on en a. Défendre sa perception d’un problème (sans jamais tenir pour autant des propos polémiques), faire preuve d’une ouverture d’esprit permettant d’envisager des points de vue contradictoires afin de considérer sans a priori les positions de chacun, autant d’atouts qui révèlent en vous une personne capable d’émettre un raisonnement réfléchi et qui ne refuse pas pour autant le débat.
J’évoquerai par exemple la question suivante « D’après-vous, existe-t-il une solution miracle pour lutter contre l’obésité ? » qui, il y a plusieurs années, a donné lieu lors de l’épreuve à de nombreuses réponses prenant la forme (totalement inadaptée ici) d’un cours complet (causes et conséquences de l’obésité accompagnées de quelques solutions), alors qu’une telle interrogation appelait explicitement à donner son avis, acceptable quel qu’il soit, du moment qu’il était pertinemment argumenté : on peut par exemple considérer les nouvelles opérations chirurgicales de l’estomac comme miraculeuses ou assurer au contraire que seule une bonne hygiène de vie permettra de stabiliser le poids, sans espoir de solution miracle.
Un correcteur en recherche d’étudiants à l’aise sur le fond, mais aussi sur la forme.
Voilà donc ce que cherche le correcteur qui lira avec attention votre copie de concours : un candidat dont la réflexion est aboutie grâce à une connaissance solide de l’actualité sur laquelle il est capable d’émettre de façon claire et adaptée un jugement pertinent. En bref tout sauf des réponses correspondant à un cours appris par cœur, des lieux communs sans réflexion ou de la paraphrase pure et simple censée cacher un profond manque d’inspiration…
Le correcteur cherchera à percevoir en vous l’étudiant capable de suivre 3 années de cours passionnants, certes, mais également parfois compliqués. Il cernera votre capacité à suivre la formation, mais vous envisagera aussi comme futur professionnel.
C’est précisément ce qui nous amène à aborder un dernier point crucial : l’étudiant infirmier, comme le professionnel, sera amené à utiliser l’écrit afin de prendre ses cours, réaliser des exposés, remplir son porte-folio, échanger des informations avec ses formateurs et ses collègues étudiants, etc. Il ne peut donc se permettre de produire des écrits truffés de fautes d’orthographe (donc susceptibles d’engendrer des erreurs d’interprétation) ou même de rendre la transmission d’un message impossible. Durant ses stages en tant qu’étudiant, puis plus tard dans son travail en tant qu’infirmier, il réalisera des transmissions écrites qui seront décisives pour un bon suivi des patients. 4 ou 5 points sont dédiés à la maîtrise de la langue lors de l’épreuve rédactionnelle. La compétence liée à l’écrit ne peut donc pas rester approximative !
Ainsi, cette épreuve ne saurait être perçue comme une simple interrogation autour d’une thématique que l’on aura ou non bachotée avant le concours. Elle a l’ambition, bien plus intéressante, de donner à chacun l’occasion de prouver que sa maturité intellectuelle et la structuration de sa réflexion le rendent apte à entrer en formation. L’avoir compris est déjà un grand pas vers la réussite !
Marion Gauthier, décembre 2016
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