Oraux du concours infirmier, auxiliaire de puériculture ou aide-soignant : cas concrets d’entretien

Sarah D, étudiante à IRSS, revient sur 3 oraux de concours : Thouars, Pontivy et Fécamp. Elle raconte ses entretiens et interpelle ses formateurs sur certaines situations clés du concours.

Cas n°1, concours de Thouars : en parlant vite et beaucoup, se montre-t-on dynamique ou saoulant ?

Sujet d’exposé : « il faut soulager la souffrance des patients en fin de vie sans les abandonner, en continuant à les aimer vivants. »

« Le sujet m’a inspiré : je n’ai pas eu de mal à trouver des idées. Le jury était sympathique, bienveillant et m’a tout de suite mise très à l’aise. Malgré la lourdeur du sujet, l’entretien est resté détendu. Le jury m’a d’abord demandé ce que je faisais depuis l’obtention de mon bac. Je leur ai dit que je faisais du bénévolat et que je travaillais en parallèle de ma préparation au concours. À la fin de l’exposé de culture générale, ce dernier m’a dit que nous allions continuer l’oral avec le même dynamisme. Il m’a questionné sur mes motivations ;  je sentais que j’avais beaucoup de choses à dire et j’ai beaucoup parlé.

Le jury m’a arrêté à un moment en me disant : « Ne pensez-vous pas que vous allez soûler vos patients à force de parler autant ». J’ai répondu en riant qu’il valait mieux cela plutôt que de ne pas parler du tout. Je les ai donc fait sourire.

Mon problème aujourd’hui est que je ne sais pas trop comment le prendre. Est-ce qu’à mon prochain oral je devrais plutôt parler un peu plus doucement ? Le jury m’a quand même répété plusieurs fois que j’étais dynamique…  Je pense continuer à ma manière. Si le jury me fait une remarque, je pense préciser que la formation me tient vraiment à cœur, que je sais avoir peu de temps pour les convaincre donc c’est pour cela que je parle peut être un peu vite et également parce que le métier d’infirmier me passionne. Je peux aussi envisager de leur proposer de ralentir un peu le rythme. Je ne sais pas trop, qu’en pensez-vous ? Pensez-vous qu’ils pourraient me sanctionner pour cela dans la mesure où nous avons quand même beaucoup échangé ? »

Réponse de la formatrice :

« Avoir beaucoup de choses à dire montre en effet un dynamisme et une motivation indéniable. Mais il s’agit d’un entretien : vous êtes là pour transmettre une information à quelqu’un,  donc vous adapter à votre interlocuteur. Le but est qu’il comprenne le message, non qu’il soit noyé sous un flot d’informations parmi lesquelles il ne saura pas distinguer celles qui sont utiles et celles qui sont superflues.

De plus, le jury aime conduire l’entretien, c’est-à-dire poser des questions et que vous y répondiez de façon assez précise. Un flot de paroles peut leur donner l’impression que vous voulez occuper le temps et les empêcher de parler, ce qui peut contrarier vos examinateurs.

Pour les oraux suivants, je vous invite à garder ce dynamisme verbal mais à raccourcir vos réponses pour vous obliger à être précise, à aller à l’essentiel et donc faire peut-être davantage circuler la parole entre vous et le jury.

Je ne sais pas dans quelle mesure cet aspect pèsera dans la note mais, quand le jury vous fait une remarque, il est pertinent de l’entendre et de réajuster votre attitude en conséquence afin de ne pas les laisser penser que vous êtes une personne qui campe sur ses positions, qui ne sait pas progresser en fonction des remarques qui lui sont faites. 3 années de formation vous attendent et la remise en question(s) sera votre quotidien… »

Cas n°2, concours de Pontivy : le jury me coupe la parole tout le temps, est-ce mauvais signe ?

Sujet d’exposé  :  une image montrant un ballon piqué de plusieurs seringues.

 « J’ai eu très peur au début en voyant cela, mais je me suis vite reconcentrée et je suis partie sur le dopage. J’ai eu 15mn de préparation, ce qui a été une bonne surprise. Le jury est venu me chercher et les membres m’ont demandé de commencer en me présentant puis ils en ont fait de même. J’ai ensuite présenté mon sujet et nous avons beaucoup échangé sur le sujet.

Nous avons continué l’oral en parlant du stress au travail, du métier d’infirmier. J’ai exposé les responsabilités demandées et ils m’ont arrêté en me questionnant sur les stages effectués. J’ai eu tout juste le temps de commencer qu’ils me coupaient déjà la parole pour me demander ce qui me faisait peur. J’ai parlé de la mort. J’ai également abordé la formation car j’ai bien vu que je n’allais peut être pas pouvoir placer tout ce que je voulais. J’en ai profité pour parler de l’excellente réputation de l’IFSI de Pontivy,  de sa formation de qualité. J’ai aussi réussi à caser que  mon ami n’habite pas loin, histoire de montrer que ma présence en Bretagne est aussi liée à un attachement au lieu.  L’un des membres du jury m’a ensuite parlé du financement et du lieu où j’irai si j’avais plusieurs concours (ils semblaient inquiets dans la mesure où  j’avais fait une prépa, j’avais donc dû passer plusieurs concours). Je leur ai donc précisé que Pontivy était vraiment mon coup de cœur. À la fin de l’oral, j’ai été déçue de ne pas avoir pu plus développer mes stages. Ils me coupaient à chaque fois, j’ai peur que cela se ressente sur ma note. Je trouve très étonnant d’avoir un jury qui coupe continuellement la parole. En revanche, ils m’ont demandé si je voulais ajouter quelque chose. Je leur ai donc rappelé ma motivation et mes expériences dans le bénévolat.

Pensez-vous que cette tendance à couper la parole peut arriver de nouveau ? Est-ce un bon ou mauvais signe ? »

Réponse de la formatrice :

« Je pense qu’il est difficile d’interpréter la réaction du jury et les interruptions  ne veulent pas forcément dire que ce que vous formuliez n’était pas intéressant.  Les jurés ont une grille précise à respecter pour vous évaluer et, dans le temps imparti, ils doivent poser chacune des questions qui vont  leur permettre de remplir cette grille très normée. Je comprends votre frustration de ne pas pouvoir expliquer avec autant de détails et d’exemples que vous auriez  voulu. Mais il n’y a rien là de rédhibitoire : le jury à pu sentir que vous aviez encore de nombreux arguments à faire valoir ! Je vous invite à travailler votre esprit de synthèse pour dire tout de suite ce qui vous semble le plus important avant d’aborder des arguments secondaires ou des exemples. D’autre part, il me semble pertinent d’avoir pris le temps de bien expliquer pourquoi cet IFSI comptait pour vous : ils peuvent être sensibles à ces arguments. »

Cas n°3, concours de Fécamp : le jury se montre froid et distant, dois-je m’inquiéter ?

Sujet d’exposé : « Donnez votre avis sur les nouvelles tablettes et smartphones pour enfants en bas âge aux États-Unis. »

« Je suis arrivée à l’IFSI 30mn en avance et j’ai bien fait car ils ont démarré 15mn avant l’horaire prévue…  c’est aussi bien : le stress dure moins longtemps !  Une des personnes du jury est venue me chercher. Elle était très froide, distante, et  m’a demandé de la suivre, de tirer un sujet au sort et de lui donner mon sac et ma veste car personne ne surveillait la salle de préparation. Ambiance.

Après 10mn, un membre du jury est venu me chercher et je me suis assise face à trois personnes toutes aussi froides les unes que les autres. J’ai essayé de ne pas me laisser  déstabiliser. J’ai exposé mon sujet sur un ton assez enjoué, dynamique. Une des personnes  dans le jury à bâillé très fort, une autre s’est mise la tête dans ses bras pendant quelques secondes… mais j’ai continué à la regarder quand même car cela me semblait  tellement surjoué que son attitude en était presque risible. Nous avons discuté un peu du sujet après mon exposé puis j’ai été questionné sur mes motivations, mon intérêt pour le métier d’infirmier, les qualités demandées et sur la formation. C’était un vrai échange, fait de questions-réponses. J’ai aussi été interrogée sur mes stages. Le jury a voulu me déstabiliser en me disant que la prépa m’avait trouvé les stages. J’ai aussitôt répondu en disant que ce n’était pas du tout le cas. Je n’ai pas eu de mal à répondre à leurs autres questions, j’ai essayé de rester souriante, dynamique. L’entretien n’a duré que 18 minutes au lieu des 30 minutes prévues. Je ne sais pas vraiment quoi en penser… »

Réponse de la formatrice :

« Certains membres de jury se montrent froids, distants, soit parce qu’il s’agit de leur tempérament, soit (comme ça semble le cas ici) parce qu’ils décident de mettre de la distance avec les candidats en « surjouant », comme vous le dites, la lassitude ou la fatigue. Tous les candidats se  retrouvent dans la même situation, donc pas de panique. Certains jurés très bienveillants et souriants posent des questions « bateaux » et se révèlent illisibles dans leur appréciation du candidat; d’autres, plus froids en apparence, enchaînent les questions précises qui permettent au candidat de mettre en valeur ses qualités et ses expériences. Les apparences sont souvent trompeuses ! Il faut autant que possible se détacher du contexte de communication, ne pas se laisser déstabiliser par le caractère impassible des professionnels qui vous font face, par l’absence de mimiques ou de signes qui pourraient vous donner des indications sur la manière de mener votre entretien. Par ailleurs le fait d’écourter cet entretien ne préjuge pas d’une mauvaise appréciation sur votre performance : le jury sent bien quand un candidat est sérieux, profond, structuré et bien ancré dans son projet professionnel. Après quelques questions clés, s’ils estiment tous les 3 que les fondamentaux sont réunis, nul besoin de laisser s’éterniser l’entretien. »

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3 réflexions sur “Oraux du concours infirmier, auxiliaire de puériculture ou aide-soignant : cas concrets d’entretien”

  1. Meunier carole

    Bonjour ma fille Amandine à déjà fait la prépa auxiliaire puéricultrice et pour rentrer en école qu’elle marche à suivre elle a son bac assp et le cap petite enfance cordialement

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