Chloé, Thomas, Océane, Hélène, Marie et Pauline, tous étudiants en classe préparatoires aux métiers du travail social à IRSS (assistant de service social, éducateur de jeunes enfants et éducateur spécialisé) ont formé leur projet citoyen (une matière inscrite dans le cadre de leur cursus) autour du harcèlement scolaire. Après un long travail de réflexion, après de nombreuses rencontres et réunions d’organisation, ils ont pu mener à bien ce projet, riche et salutaire, de prévention contre les violences à l’école. Une expérience de premier plan qui les a confirmés dans leur orientation.
-
Pouvez-vous nous présenter votre projet ?
Nous avons travaillé sur cette question qui nous touche énormément : soit parce que nous l’avons vécue personnellement (comme bourreaux ou comme victimes d’ailleurs !), soit parce que nous avons, dans notre entourage, des personnes concernées de près ou de loin par cette problématique.
La question du harcèlement dépasse largement l’école. C’est un phénomène social global qui touche de nombreuses populations (femmes, salariés vulnérables…) et de nombreux lieux (l’entreprise, le foyer, la rue…) Nous nous sommes focalisés sur l’école pour circonscrire notre action et travailler avec des jeunes. L’idée était d’intervenir au sein de différents établissements : de l’école primaire auprès des classes de CE2, CM1 et CM2, puis vers le collège auprès des élèves de 6ème . Ces publics sont les plus concernés.
-
Quels objectifs vous fixiez-vous ?
La pertinence de notre action est essentiellement préventive. En effet, nous voulions intervenir dans le but d’informer les élèves de l’existence de ce phénomène et des moyens pour le repérer. Nous voulions leur faire comprendre la différence entre des brimades et le harcèlement scolaire pour qu’ils sachent identifier leur situation afin de ne pas amplifier ou au contraire minimiser les faits. Qu’ils prennent conscience de ce qu’ils subissent ou de ce que leurs actes peuvent engendrer. Enfin, nous souhaitions insister sur la nécessité d’en parler malgré la réticence des étudiants dans ces moment-là. Témoins ou victimes, ils doivent pouvoir en parler, savoir à qui et comment.
-
Comment avez-vous préparé votre action ?
Nous sommes allés d’abord à la rencontre de directeurs d’établissements scolaires pour les sonder. Puis, nous avons décidé de contacter une association sur le harcèlement pour savoir si notre projet était réalisable et nous informer sur les outils déjà disponibles. De ce fait, nous avons rencontré l’association Marcelment à Rennes. De cet échange, nous avons retenu qu’il fallait que l’on se mette à la place des élèves pour une meilleure compréhension et aussi que nous fassions preuve d’organisation au moment de prendre contact avec les établissements scolaires. L’association nous a offert l’opportunité de publier un post sur leur page Facebook pour nous faire connaître et trouver des personnes intéressées par notre projet.
-
Sous quelle forme s’est déroulée votre intervention ?
Elle s’est déroulée en 3 temps : une présentation « ludique » et un échange pour définir le harcèlement avec les élèves, un cœur d’intervention « dynamique » qui présentait 3 cas (victime, agresseur et témoins) et une conclusion exprimant les solutions et informations importantes à connaître pour en prévenir le phénomène.
-
Quel bilan faites-vous de ces interventions ?
Dans l’ensemble les élèves ont été réceptifs, nous les avons sentis concernés et intéressés par le harcèlement scolaire. Ce ressenti a été confirmé en fin d’intervention quand les élèves nous posaient des questions ou dans la journée sur leur temps de pause quand ils venaient échanger avec nous. Dans le collège de Plancoët, certains élèves ont réussi à exprimer leurs problèmes dans la classe permettant d’ouvrir la porte à des futures discussions au sein de l’établissement ainsi qu’une prise de conscience de la part des jeunes potentiellement harceleurs. Notamment des élèves entraînés par l’effet de groupe n’ayant pas conscience de leurs actes.
De plus, nous avions mis en place une bonne méthode d’interaction lors des interventions avec les élèves. En effet, les équipes pédagogiques ont été très satisfaites du contenu mais aussi de l’échange permanent mis en place. D’abord au début avec l’idée de la carte mentale pour construire ensemble la définition du harcèlement scolaire et ensuite par le fait que nous les interrogions à chaque fois sur les situations avant d’apporter les éléments de réponses. En effet, cette méthode a permis aux élèves d’assimiler plus facilement les informations en pensant apporter eux même les éléments de réponses. Pour finir, la constitution diverse du groupe, autant dans les parcours que dans les projets professionnels, nous a permis d’avoir une vision complète de la problématique abordée. Cette complémentarité a été bénéfique dans la construction de l’action notamment dans nos questionnements internes mais aussi lors de nos interventions.
Bien sûr nous avons connu des difficultés, notamment lorsque des élèves témoignaient de leur vécu ! Nous devions tenir la bonne posture et ce n’était pas toujours simple… Mais tous ces échanges ont été riches, utiles aux écoles et constructifs pour notre projet !
Vous désirez vous lancer dans les métiers du travail social mais vous manquez d’expériences ou de vécu professionnel ? IRSS propose une classe préparatoire dédiée, une passerelle pour consolider les acquis et nourrir le projet.