Interview d’Alexis HUCHET et Romain BULTEAU : 3 ans de formation Sport à IRSS Les Sables-d’Olonne

Retour sur le parcours d’Alexis Huchet et Romain Bulteau, anciens élèves à IRSS Les Sables-d’Olonne, qui ont effectué 3 ans de formation : Prépa Sports, BPJEPS APT – Activités Physiques pour Tous, et BPJEPS AF – Activités de la Forme.
Ils ont également eu l’opportunité de participer à l’Ironman 70.3 des Sables-d’Olonne en tant que bénévoles Handisport mais aussi en tant que concurrent pour Romain !
> Retrouvez l’interview vidéo en bas de l’article !

 

  • Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Alexis : Moi c’est Alexis Huchet, j’ai 20 ans, j’ai réalisé 3 ans à IRSS.
J’ai fait la Prépa Sports, j’ai ensuite enchaîné sur un BPJEPS Activités Physiques pour Tous.
Et là dernièrement, je viens de terminer le BPJEPS Activités de la Forme.

Romain : Et bien moi c’est Romain Bulteau, j’ai 21 ans.
J’ai fait exactement le même parcours qu’Alexis, on est rentré ensemble en Prépa.
Et ensuite, je suis rentré en BPJEPS APT également avec lui.
Et l’année qui vient de passer en BPJEPS AF.
On vient tout juste de terminer.

 

  • Quels-sont vos projets professionnels ?

Alexis : Alors moi au niveau de l’avenir, je vais plutôt sur l’entrepreneuriat.
Je vais créer ma propre entreprise plutôt dans le domaine de l’APT et me servir du BPJEPS AF pour apporter un complément à ce que je vais faire.
Moi j’ai une spécificité de base dans le roller et donc toute cette entreprise va tourner autour du roller sur les Sables-d’Olonne et la côte.
Et le BPJEPS AF me servira à compléter un petit peu toutes mes séances et pourquoi pas, à faire un petit peu de coaching personnalisé en plus dans mes semaines.

Romain : Moi l’objectif ce serait plutôt dans le côté Activités de la Forme.
Là, j’ai une proposition d’embauche où j’étais en apprentissage cette année et donc je reste après en septembre dans la salle.
Et l’objectif, ce serait quand même d’utiliser le BPJEPS APT peut-être pour faire un peu de préparation physique plus tard, en ajoutant un diplôme, plutôt dans les sports d’endurance, l’athlétisme dans lequel j’étais avant ou le triathlon qu’on a pratiqué en formation.

 

  • Que vous ont apporté ces 3 années à IRSS ?

Alexis : C’est surtout le côté du travail sur moi-même : réussir à être à l’aise face à un groupe, que ce soit d’adultes, d’enfants, de personnes plutôt âgées. Donc ça c’est surtout le domaine Activités Physiques pour Tous.
Et le BPJEPS AF, moi ce qu’il m’a apporté, c’est la connaissance du corps, tout le fonctionnement, pourquoi on fait telle ou telle chose, ce qui permet quand on le retranscrit sur le BPJEPS APT, de faire des séances qui sont beaucoup plus logiques et beaucoup plus intéressantes.

Romain : Je sortais d’un bac STMG donc toutes les connaissances anatomiques, physiologiques, etc. je ne les avais pas. Donc ça a été très important pour moi, surtout l’année de Prépa Sports.
Et beaucoup de professionnalisme.
C’est un avantage d’être à IRSS et de pouvoir allier les cours et sur la même semaine, le stage en alternance ou en apprentissage, pour mettre en pratique ce qu’on a vu sur cette même semaine. Comme ça toutes les semaines, on peut en reparler, on revoit le tuteur, on revoit nos collègues de formation, on échange tout le temps.

 

  • Quels souvenirs d’IRSS vous ont marqué ?

Alexis : Ça peut paraître bizarre mais c’est surtout les certifications.
Alors, pas dans le mauvais sens. C’est surtout réussir à parler devant quelqu’un, à présenter quelque chose, à se vendre tout simplement. Et c’est quelque chose qu’on apprend pendant la Prépa Sports et qui, je pense est très important dans le métier après. La prestance a beaucoup d’importance.
Un entraînement à sa certification, ça permet de beaucoup travailler sur soi-même, sur sa façon d’être, que ce soit en séance ou en dehors.
Et moi, dans les 2 BPJEPS, c’est ça qui m’a qui m’a le plus marqué.

Romain : Moi aussi. Et surtout mon rattrapage il y a 1 an et demi, ça, ça m’a marqué !
Ce sont des erreurs, des échecs qui nous permettent d’avancer, de rebondir et de progresser. Même si on ne s’y attend pas, ça fait mal sur le coup, et ça reste en tête.
Après sinon, c’était les débuts de formation. Quand on arrive et qu’on ne connaît pas la classe, qu’on ne connaît personne, qu’on débute. Et les fins de formation, quand on se laisse et qu’en fait on se dit : « Wouha c’est passé trop vite ! ». Et puis on se dit qu’on a appris quand même beaucoup de choses.

 

  • Parlez-nous de votre expérience Ironman 70.3 aux Sables-d’Olonne.

Alexis : On a intégré l’équipe du staff d’aide aux handisports pour qu’ils puissent réaliser l’Ironman dans les meilleures des conditions. On a été surtout placés sur tout ce qui allait être les transitions.
Surtout l’année dernière avec Théo Curin, qui était quadruple amputé, on avait des manchons à mettre, il avait des difficultés à enlever seul sa combinaison donc on était là pour l’aider, sans pour autant faire à sa place. C’est vraiment lui qui qui nous demandait s’il avait besoin d’aide.
Et aussi, l’Ironman des Sables d’Olonne a la spécificité d’avoir un passage de course à pied sur le sable. Une grosse majorité des handisports a des difficultés à passer parce que pour la plupart, ils sont en fauteuils roulants. Donc dans le sable, c’est compliqué. Donc on était là sur les 200 mètres de sable pour les aider, pour qu’ils puissent profiter au maximum de leur expérience sur l’Ironman.

Romain : Ce qui est important, c’est l’entraide je pense, et c’est une des valeurs du sport.
Le mental également. Le para-triathlète qu’on aide, qu’il soit unijambiste, quadruple amputé, il faut faire la compétition, il faut faire l’épreuve, il faut la terminer. Et il me semble que tous les para-triathlètes qu’on a aidés ont terminé l’épreuve. Il n’y en a aucun qui a abandonné donc c’est quand même fort !

Alexis : Moi si je peux rajouter une chose, lors de mes 2 ans en tant que membre du staff handisport.
C’est surtout le fait de gérer l’esprit d’équipe dans le staff pour être coordonnés au maximum et ne pas devenir un frein pour l’athlète. Parce qu’on est quand même là pour l’aider et pour réaliser les choses qu’il ne peut pas faire tout seul. Et si on a un manque de coordination, si on n’est pas là au bon moment ou autre… On n’est pas là non plus pour le freiner. Donc ça apporte beaucoup au niveau de la gestion d’équipe, de la communication entre les différents membres de l’équipe pour pouvoir aider au maximum ces personnes.

 

Crédit photo : © ville des Sables-d’Olonne

 
Retour sur la participation de Romain en tant que concurrent à l’Ironman 70.3 des Sables-d’Olonne en juillet 2021. Une course terminée en moins de 6h !

 

  • Alexis : Déjà, félicitations d’avoir participé. 
    Est-ce que tu pourrais nous parler un petit peu de ton ressenti sur la participation, sur le jour-J, comment tu l’as vécu ?

Romain : Déjà je me suis réveillé à 4h30 pour partir à 6h45. En fait, je n’ai quasiment pas dormi de la nuit parce que j’étais trop pressé de partir.
Il faut savoir qu’Ironman c’est une très grosse marque. Dès le vendredi ils commençaient à préparer. J’ai récupéré mes affaires le vendredi soir et on a laissé le vélo le samedi après-midi. Donc en fait, on arrive à l’endroit du départ pour retirer les dossards. Il y a déjà toutes les bouées, l’arrivée qui est là, l’arche d’arrivée, il y a tout le parc de transitions qui en place. Du coup il y a le stress qui monte, l’excitation, l’envie de partir, on se sent un peu pousser des ailes.
Il fallait que je me couche vers 21h30 / 22h et en fait jusqu’à 23h j’ai checké mes 3 sacs. Genre 15 fois pour être sûr de rien oublier.
Donc à 5h45 j’y étais pour un départ à 6h45. Et juste le temps de poser les affaires, d’aller au départ de la natation, j’étais un peu à la bourre. Le temps de mettre ma combi, je suis allé vite fait dans l’eau, en courant avec le masque, etc. je suis sorti pour aller au départ. Et ils étaient déjà tous en place. On m’a dit « Hey qu’est-ce que tu fais, qu’est-ce que tu fais ?! » Je me suis mis en place, j’étais à peine prêt, il y a eu le top départ, PAF, et ça y est c’est parti, tu es dans la course !
Et une fois dans la course, en fait c’est dur à réaliser. On se dit ça y est, il y a eu plusieurs mois de préparation, on y est, c’est le jour J. C’est quand même assez intense que ce soit physiquement, émotionnellement et mentalement.

 

  • Alexis : Tu as parlé un petit peu de ta préparation en amont, pendant le BPJEPS AF.
    Est-ce que tu peux nous parler de cette préparation ?

Romain : Je faisais un peu au jour le jour, je me disais : « Ok, là j’ai récupéré tant de temps par rapport à cet entraînement-là, je vais devoir faire tel type d’entraînement, plutôt intense ou non ». Mais le but, c’était quand même de faire de la distance pour pouvoir encaisser et arriver le jour J et terminer. L’objectif c’était de faire moins de 5h30.
Bon, il y a eu la chute à vélo qui a fait que ça a un peu décalé le temps. Après la chute, je me suis dit : « Ok, on va terminer en 8h… » Et puis finalement, je me suis dit : « Allez, moins de 6h !»
Mais la prépa a été compliquée à suivre du fait déjà du confinement. Pendant un certain temps, on ne pouvait pas sortir. Après, on ne pouvait pas sortir à plus de 10 kms. Il fallait calculer, se dire : « Ok, là je serai à plus de 10 kms donc il faut que je tourne là en vélo ». C’était en vélo en fait le plus compliqué.
La natation aussi. J’ai recommencé à nager 1 mois avant la compétition. Et avant cette 1ère sortie natation, ça faisait 1 an que je n’avais pas nagé. Donc c’était compliqué. Mais je suis ressorti 5 fois en mer pour nager et au final, j’ai eu une bonne sortie.
Après, 3 semaines avant l’Ironman, j’ai fait une autre compétition de prépa pour voir où j’en étais rendu.

 

  • Alexis : Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton passé athlétisme ?
    Je pense qu’il a fortement aidé, même avec une préparation un peu aléatoire.

Romain : Déjà de base, avant l’athlétisme, j’ai fait du cyclisme. J’ai fait 3 ans de vélo et après, 9/10 ans d’athlétisme. Les points forts c’était le vélo et la course à pied.
Sinon, le passé à l’athlétisme a quand même aidé à savoir un peu le côté physio, etc. Avec les temps de récupération. Il y en a qui ne pourrait pas se faire de préparation seul. C’était très bancal mais ça allait au final.

 

  • Alexis : Est-ce que tu peux revenir sur ce qui t’as empêché de faire moins de 5h30 à cet Ironman là, et comment tu l’as vécu parce qu’il fallait finir ?

Romain : Ça a été une épreuve de plus. Ça m’a un peu dégoûté de pas pouvoir faire une course avec toutes les ressources que j’avais.
La chute comment elle est arrivée ? J’étais en position aéro, c’est-à-dire sur les prolongateurs en vélo, en train de manger ma barre. Et il y avait un petit creux dans la route. Il pleuvait, j’avais mes lunettes, j’étais en train de manger (comme je suis trop gourmand). Et, j’ai pris le trou et derrière c’était des graviers et j’ai glissé sur 5 ou 10 mètres.
Et puis, je me suis relevé, un peu sonné. Ma chaîne avait déraillé, il fallait tout remettre. Il y a des supporters qui m’ont aidé. Déjà à nettoyer les plaies, il y avait les 2 genoux, mon bras, le dos, ils ont désinfecté. J’ai perdu quasiment 10 minutes.
Je suis remonté sur le vélo, ils m’ont dit « Tu veux abandonner ? NON ! » Parce que déjà, il y a l’ego, l’envie, la motivation de terminer. Le prix aussi, il faut savoir qu’un Ironman ça coûte cher. Et, surtout le fait que là où il y a le plus d’ambiance, c’est la course à pied sur le remblai. Il y a ces rambardes avec tous les supporters derrière. Et ne pas pouvoir aller jusque-là, ne pas pouvoir passer l’arche, ce n’était pas possible pour moi.
Et après bon, c’était un peu plus dur. C’était à chaud donc, les douleurs, je sentais que ça piquait.
Il y a plein de cyclistes qui m’ont dépassé qui m’ont dit « Ça va ? Ça va ? » Et pour moi, ça paraissait logique de terminer.

 

  • Alexis : On a vu un peu tout le déroulement avant la course, pendant la course.  
    Qu’est-ce que ça fait de passer l’arche après un Ironman ? Le passage comme tu le disais, sur le remblai, avec tous ces supporters.

Romain : Musculairement, à la fin, c’est dur. C’est plus musculairement que je l’ai senti qu’au niveau du cardio. Parce qu’il faut savoir que la chute a fait que j’ai eu des crampes parce que je me suis arrêté dans l’air de transition pour avoir des soins. Je me suis arrêté 10 min là aussi, donc j’ai perdu -20 min. Et quand je suis reparti, j’ai eu des crampes devant et derrière au niveau des cuisses, les 2 jambes en même temps. C’est très dur !
Là le mental joue aussi. Quand les crampes sont arrivées, je me suis dit « Whoua, il reste 20 kms, ça va être très long. »
Quand je suis reparti du lac de Tanchet, la baie fait un arc de cercle, donc à l’autre bout on voit la ligne d’arrivée et on se dit « Là ok, il me reste une ligne droite ». Et le dernier tour il est très long. La dernière ligne droite elle est très, très longue quand on voit l’arche au bout !

Alexis : Tu restes fixé dessus et elle ne se rapproche pas.

Romain : Elle ne se rapproche pas ! Elle est loin encore !
Et après, ça passe très, très vite.
A l’arrivée, il y a quoi, 30/50 mètres peut-être de tapis. Et une fois arrivé sur le tapis, c’est là où on se dit : « C’est bon, c’est les derniers mètres, c’est terminé ! » On passe la ligne, on lève les bras, ça fait du bien !

 

  • Alexis : Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as passé l’arche et que tu as salué tout le monde ? Et qu’est-ce qui se passe après dans la tête ? Est-ce que tu penses tout de suite à ce que tu viens de faire ? La douleur peut-être reprend le dessus ?

Romain : La douleur elle reprend le dessus plus tard.
L’émotion, elle a été très présente à l’arrivée. Être satisfait, être content de soi.
Cet ascenseur émotionnel, il a été présent après la chute pendant toute la course.
Il y a des moments où j’avais envie de pleurer, je ne sais même pas pourquoi. Et il y a des moments où je passais à côté de ma famille, ils m’encourageraient, ça me donnait de la force, j’avais l’impression que je pouvais aller plus vite. C’est là où on se rend compte que physiquement, quand on est encouragé, ça aide beaucoup ! Et sur les 1, 2, 3 kms suivants, je suis allé plus vite.

 

  • Alexis : Est-ce que tu as des projets, des objectifs ?
    Peut-être de refaire soit un Ironman soit une autre compétition ?

Romain : L’objectif c’est de faire moins de 5h !
Peut-être à long terme, ce serait de faire un full déjà. Peut-être, je ne sais pas, à voir, c’est très, très long ! Et au moins si je repars sur cette distance-là, battre déjà le temps que j’ai fait.
Et après, j’aimerai bien me diriger vers les Distances M. Déjà d’une part par le temps d’entraînement. Il faut savoir que là en course à pied on a un semi-marathon, en vélo, on a 90 kms de vélo. Ça prend du temps. Et il faut le trouver le temps, surtout quand on est en formation. Là en plus, du fait que je suis à la salle, il faut préparer les cours, il faut aller en cours, il faut donner des cours…
Sur un full c’est 180 kms donc c’est 6 ou 7 heures de vélo, c’est très long. Alors qu’un M c’est plus court, c’est une distance olympique en fait, donc il n’y a que 40 kms. Si on est bon, on peut le faire en 1 h en compétition. Sur l’entraînement, c’est maximum 2 h de vélo.
En natation ça ne prend pas plus d’1 h, en course à pied idem parce que c’est un 10 kms. Alors que là c’est un semi, donc ça prend 2h, 2h30.
Je me suis préparé à faire plus pour être sûr, le jour J, de savoir faire la distance.
Ce que j’adore, c’est gérer l’effort et envoyer. Sur un très court, il faut envoyer. Là il faut gérer l’effort, il faut envoyer un peu, mais il faut plus gérer. Alors que le M, il faut savoir gérer parce que si on envoie trop, à la fin du vélo, la course à pied elle va être très longue alors qu’il n’y a que 10 kms.
Voilà, donc c’est l’objectif.

 

Merci à Alexis et Romain d’avoir répondu à nos questions et bravo à eux pour l’obtention de leurs diplômes en BPJEPS APT et en BPJEPS AF, ainsi que pour leur participation à l’Ironman des Sables-d’Olonne !

 

Retrouvez l’interview d’Alexis et Romain en vidéo !

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